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/ Le sort des djihadistes français partis en Syrie

Chronique

Le sort des djihadistes français partis en Syrie

L'annonce et le retrait progressif des troupes américaines en Syrie, pose la question épineuse du sort des prisonniers de guerres jugés sur le sol irakien et syrien à la communauté internationale. Beaucoup étant de nationalité européenne. Ce week-end, neuf djihadistes français étaient jugés et condamnés à la peine de mort par pendaison en Irak.

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3 min

Emmanuel Macron avait annoncé un traitement « au cas par cas » pour le sort des pionniers de guerres. photo: picture alliance / Soeren Stache/dpa

Il est compliqué de savoir combien sont les français candidats au jihad, en Syrie. Le quai d'Orsay a néanmoins estimé à 1.700 hommes et femmes confondus, ses concitoyens partis rejoindre l'État islamique depuis 2014. 450 seraient morts et 300 seraient revenus.

Certains d'entre eux sont emprisonnés en attente de jugement à la frontière irako-syrienne. Et 450 dans les camps de détention kurdes réunissant des djihadistes européens et étrangers du monde entier. Même si la France a une longue tradition séculaire de lutte internationale et abolitionniste contre la peine de mort.

Comment résoudre la question complexe du retour?

Le pays est plongé depuis quelques jours dans l'inextricable questionnement du jugement de neuf de ces ressortissants condamnés à mort en Irak pour terrorisme. Le dimanche 2 juin, la liste s'est allongée provoquant encore une fois le débat sur le rôle de Paris auprès des djihadistes.

De quelle manière la France doit-elle résoudre le complexe question du retour des djihadistes ressortissants français sur son territoire et surtout celui du casse-tête des enfants nés en Syrie? Comment et où doivent être jugés ceux qui ont choisi de grossir les rangs de Daesh?

Un traitement "au cas par cas"

En début d'année 2019, le Ministère des affaires étrangères a tout d'abord eu une position floue sur le sujet. Depuis un sommet d'Abu Dhabi, Emmanuel Macron avait annoncé un traitement " au cas par cas ". Dans la débâcle de la guerre et les camps de détenus gérés par les kurdes, le vide juridique laissé par la non reconnaissance d'un état kurde avait donné une marge aux avocats des familles françaises réclamant le retour de leurs membres.

Déboutées en avril auprès de la justice et ensuite en appel par le Conseil d'État, les requêtes d'épouses et d'enfants retenus dans des camps contrôlés par les Kurdes en Syrie avaient été jugées relevant de la diplomatie et non de la justice. Les mesures de rapatriement, n'étant pas de la compétence d'un juge mais bien celles de la diplomatie.

"Jugés où ils ont commis leurs crimes"

Cette semaine Paris estimait que "ces terroristes doivent être jugés où ils ont commis leurs crimes". Depuis le gouvernement français a affirmé à plusieurs reprises que ces personnes devaient être jugées sur place autant que possible, quitte à être condamnées à mort. Selon le ministre Jean Yves Le Drian, la seule étude au "cas par cas" sera celle des nombreux enfants retenus avec leur mère dans des camps.

Alors que les avocats des familles dénoncent une justice expéditive en Irak et réclament leur jugement en France. Le chef de la diplomatie française estimait que les droits de la défense étaient parfaitement respectés et soulignait que les accusés bénéficiaient de l'assistance consulaire de la France et "d'un procès équitable tout en respectant la souveraineté judiciaire de l'Irak".

Des bombes à retardement?

Le bras de fer entre les familles et l'État français n'est pas près de s'arrêter. Dans une interview, l'avocate Marie Dosé, qui défend des proches de djihadistes français, appelait à rapatrier les combattants qui se trouvent aujourd'hui dans les camps de la zone irako-syrienne, sous peine, selon elle, de "fabriquer les attentats de demain".

La question épineuse du rapatriement des djihadistes pose à la fois des questions éthiques au gouvernement français, sécuritaires intra- et extraterritorial. Car pour beaucoup l'État islamique n'a pas été éradiqué. Ces djihadistes abandonnés à leur sort dans les camps irako-syriens tendent à constituer une véritable bombe à retardement. Et ce, malgré les tentatives de programmes de déradicalisation mis en œuvre par l'État syrien et irakien.