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/ Le vent austral en Patagonie propulse l'hydrogène vert

Energies renouvelables

Le vent austral en Patagonie propulse l'hydrogène vert

Le réchauffement climatique et la guerre en Ukraine poussent les gouvernements à développer la production d'énergies renouvelables propres. C'est le cas le cas au Chili, où les vents forts de la Patagonie constituent un atout pour la production d'hydrogène vert et ouvrent le chemin vers la neutralité carbone du pays.



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3 min

La Patagonie est une région aux paysages grandioses. Mais les vents glacés, en particulier près du détroit de Magellan, la rendent inhospitalière. Ce sont pourtant ces vents d'une force exceptionnelle, dus au choc entre l'anticyclone du Pacifique et les masses d'air froid venues de l'Antarctique, qui pourraient propulser d'ici à quelques années le Chili parmi les premiers producteurs mondiaux d'hydrogène vert. Ce carburant est destiné à remplacer les dérivés du pétrole dans n'importe quel véhicule, voire même à concurrencer les voitures électriques.

D'abord un rappel technique. L'hydrogène vert est obtenu par électrolyse qui utilise uniquement de l'énergie électrique provenant de sources propres et renouvelables comme le vent ou le soleil. L'électrolyse consiste, elle, à appliquer un courant électrique pour diviser une molécule d'eau formée de deux parties d'hydrogène et une d'oxygène. À terme, l'hydrogène est destiné à devenir l'une des sources d'énergie propres les plus utilisées sur la planète. Encore faut-il en produire en quantité suffisante. Et si possible, un hydrogène propre.

Le potentiel énorme du Chili en énergies durables

Car aujourd'hui, 95 pour cent de l'hydrogène produit dans le monde est ce qu'on appelle de l'hydrogène gris. Il est obtenu en utilisant du gaz naturel, du pétrole ou du charbon pour produire de l'électricité, ce qui provoque l'émission de grandes quantités de dioxyde de carbone. L'électricité nécessaire pour faire de l'hydrogène représente en effet près de 70 pour cent du coût de la production. D'où la volonté du Chili de s'appuyer sur son énorme potentiel d'énergie solaire produite dans le désert de l'Atacama, au nord du pays, et donc aussi, des forts vents qui soufflent en Patagonie australe.

Il est vrai qu'en terme d'énergies renouvelables, le Chili est, un plutôt un bon élève. En 2019, la matrice énergétique chilienne comprenait déjà 44 pour cent d'énergies renouvelables. D'ici 2030, elle devrait atteindre 70 pour cent et même 95 pour cent d'ici 2050. La production d'hydrogène vert s'inscrit donc dans cette philosophie, et elle est déjà bien programmée, puisque quinze projets doivent débuter avant 2030 pour une production prévue de 35 gigawatt.

Le président Gabriel Boric, élu en décembre dernier, pousse d'ailleurs dans ce sens. Et il ne cache pas ses ambitions. Car outre l'hydrogène vert, il souhaite que son pays devienne aussi rapidement l'un des premiers producteurs mondiaux d'ammoniac vert, qui entre dans la composition de nitrate d'ammonium et d'explosifs, indispensables pour l'extraction de minerais de cuivre et d'acier, un secteur d'activité clé pour l'économie du pays. Sans oublier bien sûr la production d'engrais, dont l'ammoniac est l'un des composants essentiels.

Reste le problème du coût de production de cet hydrogène vert. Aujourd'hui il s'élève à six dollars le kilo. Mais les autorités chiliennes veulent le faire descendre à un dollar. Ce qui permettrait de concurrencer les énergies fossiles. D'où un ambitieux programme de construction d'éoliennes comme celle construite récemment près du détroit de Magellan. Ce qui devrait permettre de produire dès 2023 les premières tonnes d'hydrogène vert au Chili. Le tout début d'une aventure énergétique prometteuse, si l'on en croit le président Gabriel Boric qui a assuré en mai dernier: "Rien qu'en Patagonie, si nous faisons les choses correctement, le potentiel est de fournir 13 pour cent de la demande mondiale d'hydrogène vert".