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/ Portugal: Covid et immigration

Chronique

Portugal: Covid et immigration

La situation des travailleurs agricoles immigrés dans le sud du Portugal a provoqué de nombreux remous. Le pays a fait semblant de découvrir une situation humanitaire délicate. Les pouvoirs publics embarrassés tentent de concilier apaisement et lutte contre la Covid-19 au sein d'une population mal protégée.

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2 min

Odemira est une municipalité du sud du Portugal, de la région appelée Alentejo, au-delà du Tage, le fleuve qui coule devant Lisbonne.

C'est un territoire étonnant, constitué par les anciennes steppes qui existaient en Europe. Géographiquement et humainement c'est un désert, pourtant l'industrie agricole s'est emparée du territoire.

Foyers de contagion

Ces derniers jours, c'est cette particularité qui est la cause d'un séisme médiatique: il y a dix jours, le gouvernement a décidé de placer deux bourgades de la région, Almograve et São Teotonio, derrière une barrière sanitaire. Ils ont un taux de contagion de la Covid élevé, presque 1.000 cas pour 100.000 habitants, alors que la moyenne dans le Portugal est de 68 pour 100.000 habitants. La mesure prise il y a dix jours vient d'être reconduite.

Le foyer épidémique est dû à la présence de nombreux travailleurs agricoles immigrés, qui vivent dans des conditions difficiles, insalubres, logés par les entreprises agricoles dans des bâtiments qui sont des baraques surpeuplées.

De plus ces immigrés - presque 10.000 - pour la seule région d'Odemira se déplacent dans le Portugal ou ailleurs en raison de la saisonnalité du travail. Les immigrés viennent du Népal et d'Inde essentiellement, mais aussi de Bulgarie, Thaïlande, et même Allemagne. En Alentejo, on s'est habitué à voir dans les rues saris et turbans. Les pouvoirs publics ont donné l'impression soudain de vouloir s'attaquer à un problème récurrent: on a besoin des immigrés, mais on n'a pas les moyens de les loger et souvent de les loger décemment.

Jouer au chat et à la souris

Du moins c'est ce que disent les propriétaires qui se retournent contre l'État tout en lui réclamant des aides. Le gouvernement rappelle qu'en 2019, il avait proposé un projet de logement pour ces travailleurs, mais personne n'en avait voulu.

Alors que le gouvernement réquisitionne un camping et bungalows désertés par les touristes, employés et propriétaires du site ont monté des barrages pour empêcher le relogement des immigrés. Il a eu lieu sous escorte de gendarmes, et la moitié des 50 relogés ont pu s'installer ailleurs entretemps.

Alors que l'Union Européenne débattait à Porto de l'Europe sociale, le Portugal était aussi dans le vif du sujet. Quelle immigration et comment, la nécessité de la production que les Européens n'assurent plus, et le vieillissement de la population. Le Portugal rappelle qu'il est un pays d'émigration, et que l'émigration lusophone a commencé dans les années 50 par les bidonvilles de la périphérie de Paris ou d'ailleurs. Peut-être que cette histoire si particulière est le gage d'un véritable engagement pour faire bouger les choses - et commencer à balayer devant sa porte.