La réponse à l'invasion russe en ukraine a été rapide. Les autorités portugaises ont d'une seule voix et ont condamné très fermement l'action de Moscou. Le Portugal agit comme s'il avait une forme de dette envers les ukrainiens. A la fin des années 90 du siècle passé, la communauté ukrainienne était forte de 70.000 personnes, ce qui est beaucoup pour le petit Portugal. Un flux important de travailleurs accompagnés par des russes, des moldaves des roumains sollicités par un pays qui avait besoin de main d'œuvre.
Avec la crise économique de 2008, beaucoup sont repartis. Mais la communauté ukrainienne est forte de 28.000 personnes bien intégrées. C'est sans doute pourquoi à côté de la condamnation politique les autorités portugaises ont mis très vite sur pied l'aide aux réfugiés. En ouvrant le régime de protection exceptionnel de l'Union Européenne adopté par le Portugal en 2003. Ce dispositif permet de faciliter les Visas, d'accélérer les démarches administratives. Une plateforme d'embauche a été mise en place. Elle a reçu 2.000 propositions en quelques jours. La démarche engagée des autorités a été bien relayée par la société civile. Comme à chaque fois que des situations extrêmes apparaissent les Portugais se montrent très solidaires et organisent l'envoi de biens et denrées aux frontières de l'Ukraine.
Une réaction militaire inédite
Mais c'est sans doute sur le plan militaire que la réaction Portugaise est la plus inédite. En effet pratiquement en même temps que des pays comme l'Allemagne et la Suède, le Portugal a décidé de mobiliser un contingent de 1.000 hommes, des armes, du matériel de défense et des moyens de communication. Une démarche qui fait sortir le pays de son rôle pacificateur habituel, alors qu'il est d'ordinaire engagé dans les forces de maintien de la paix ou dans les opérations frontex de secours maritime par exemple.
L'opération coutera entre 8 et 10 millions d'euros. Depuis l'annonce et la confirmation par le conseil de sécurité national de la décision, Lisbonne répète qu'il ne pourra s'agir que d'une intervention concertée au sein de l'OTAN et de l'union européenne. Pas question de se transformer en va-t'en guerre, mais la position volontariste du pays ressemble celle de l'Allemagne, sortie de sa réserve militaire pour la première fois de son histoire contemporaine.
Frileux sur la question des visas en or
Là où les autorités sont plus frileuses c'est sur la question des visas en or, ces titres de séjour exceptionnels accordés aux non européens en contrepartie d'investissements lourds dans le pays. Les avoirs russes étant gelés en Europe, le Portugal s'est montré embarrassé dans un premier temps. Quelques 400.000 russes ont obtenu ce statut pour un investissement total en 9 ans de 278 millions d'euros. Lisbonne a tergiversé, refusant de dire qui serait concerné. Pour finalement annoncer que par défaut toutes les démarches de demande d'autorisation exceptionnelle de séjour émanant de Russie sont bel et bien suspendues.