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Chronique

Un lancement fragile

Pour répondre à la crise des Gilets Jaunes depuis le 15 janvier et jusqu'au 15 mars prochain, les citoyens français et leurs élus sont invités à manifester leurs doléances dans les mairies et à débattre à travers le pays dans le cadre d'une grande concertation nationale inédite en France.

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4 min

Foto: picture alliance / NurPhoto.

Après trois mois intenses de manifestations et de revendications des Gilets jaunes, le grand débat national est enfin lancé comme réponse à la crise qui secoue la France. Depuis le 15 janvier et jusqu'au 15 mars prochain, les citoyens français et ses élus sont invités à manifester leurs doléances dans les mairies et à débattre à travers le pays.

Quatre thèmes majeurs ont été retenus: la transition écologique, la fiscalité et les dépenses publiques, la démocratie et la citoyenneté, et l'organisation de l'État et des services publics.

Une atmosphère de défiance

Un site internet a été spécialement conçu pour cet événement. Pour " garantir l'indépendance " de ce débat, cinq " garants " ont été désignés par l'exécutif et les présidents des assemblées.

Durant ces 3 mois décisifs, le Président Macron joue gros. Dès jeudi, un marathon aux accents de campagne électorale commence, avec des réunions de plus de 6 heures de débat politique intense, auprès de 600 maires et élus. Et c'est dans une atmosphère de défiance et au goût d'opération de la dernière chance que les débats ont eu lieu. Il semble pour certains élus que le Président soit condamné à réussir au prix de voir son quinquennat se dissoudre à quelques mois de l'échéance électorale des européennes en mai prochain.

Une fois les maires consultés, c'est dans l'opinion populaire que le véritable enjeu se fera. Les premières synthèses des cahiers de doléances est à l'image de ce qui se murmure sur les ronds-points, occupés par les gilets jaunes ou sur les réseaux sociaux, depuis plusieurs mois : Le coût de la vie et les inégalités sociales y sont une préoccupation récurrente. Trois thèmes arrivant largement en tête: la justice sociale la justice fiscale et l'organisation politique et territoriale.

Combattre ou débattre ?

Cependant ce samedi 19 janvier, le lancement du grand débat national par le président la République, ne semble pas avoir entamé la détermination des gilets jaunes Rassemblés pour "l'acte X" de leur mobilisation. Ils étaient 84000 à de nouveau battre le pavé travers le Pays. Dans les défilés, la performance physique d'Emmanuel Macron, auprès des élus, n'impressionne guère.

Certains évoquant " un one man show ", une " tentative d'enfumage " ou de "gain de temps", et même parfois le comparant aux méthodes de l'ex-président vénézuélien Hugo Chavez, connu pour ses causeries interminables à la télévision.

Manifester ou débattre ? Combattre / Débattre ? Ce qui se jouait ce weekend, et ce constat de défiances sans appel des gilets jaunes vis à vis du grand débat national reflète bien la guerre des nerfs que va devoir livrée l'exécutif dans cette reprise du débat publique face à cette nouvelle Démocratie jaune aussi active sur les réseaux sociaux que dans la rue. Cette parole populaire étant en perpétuelle mutation et en proie aux tentations extrêmes et complotistes grandissantes.

Fragilité d'accès au débat

La suite des évènements jusqu'au 15 mars est aussi improbable et angoissante que la crise politique sans précédent qu'il est censé résoudre. Les fractures sociales et la mobilisation toujours active démontrent avant tout que la surdité du gouvernement Macron fasse à la crise des gilets à son début a fait naitre dans certaines parties de la population une grogne, une violence ingérable et un sentiment d'abandon qu'il sera difficile à résorber de la part de la classe dirigeante.

Et dans cette ambiance délétère ce grand débat relevé d'un saut dans le vide d'une équation inconnue dont le gouvernement ne connaît pas lui-même l'issue positive ou négative. Ouvrir de marges politique au Président, être récupérer par la communication politique, confirmer la désaffection du peuple pour ses dirigeants, et l'éternel clivage droite gauche extrême du système politique français, l'hystérisation des fractures ou tourner à la pré campagne électorale quelques mois à la date des élections européennes, elles aussi organiser dans un climat général perturbée par le Brexit.

Cette tentative de sursaut de démocratie participative est aussi fragile que l'opinion d'un pays habitué à plus de 7 siècles d'héritage de révolte populaire. Et même si initiative elle frappe par son côté inédit, les disparités de compréhension et d'accès au débat risque de mettre en lumière une nouvelle fois, les fractures socioculturels d'une démocratie effritée déjà depuis plusieurs décennies.