C'est un verdict historique. Pour le guardian: "L'impact mortel de l'air toxique a désormais un nom et un visage". Celui d'Ella Adoo Kissi Debrah, petite fille âgée de neuf ans, que les britanniques ont découvert à la une des journaux.
Une bouille adorable, un large sourire, mais beaucoup de souffrances pour la petite Ella, décédée le 15. février 2013 des suites d'une crise d'asthme sévère. Une crise parmi tant d'autres. Au cours des trois années qui ont précédé sa mort, elle a été admise 30 fois à l'hôpital.
Ella et sa famille vivaient à quelques mètres d'une des routes les plus passantes de la capitale où les niveaux de dioxyde d'azote dépassent largement les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé et de l'Union européenne.
Au cours du procès il a été établi que les crises d'asthme d'Ella se déclenchaient l'hiver, quand la pollution de l'air atteignait des niveaux élevés.
Le juge a estimé que cette pollution, dues aux émissions de trafic, avait directement contribué à la mort de la petite fille. Et il est même allé plus loin en affirmant: "il y a eu un manquement avéré pour réduire ce niveau de dioxyde d'azote". L'action des autorités locales et gouvernementales dans la lutte contre la pollution de l'air est ici clairement visées.
Cette décision historique met donc sans conteste le gouvernement britannique sous pression. Les niveaux illégaux de dioxyde d'azote dans l'air auraient du être réduits dès 2010. Mais selon des études récentes, ce n'est pas le cas dans 75 pourcent des zones où la pollution de l'air est surveillée au Royaume-Uni.
Pour le moment le gouvernement n'a réagi que faiblement à ce jugement en rappelant son investissement de quatre milliards d'euros d'euros pour des transports moins polluants.
Mais la famille d'Ella et les associations environnementales britanniques soutenues par l'organisme professionnel des pédiatres en veulent plus. Ils réclament désormais "une loi pour Ella". C'est à dire un arsenal législatif véritablement efficace contre la pollution de l'air. Avec des campagnes d'informations du public et des mécanismes d'actions concrets quand les niveaux de particules fines sont trop élevés.
Ce jugement est une première victoire donc, mais le chemin est encore long.
On estime que 40.000 personnes décèdent de la pollution chaque année au Royaume-Uni.