Radioen

On air

Tockcity  |  

play_arrow Live
arrow_back_ios

100komma7.lu

100komma7.lu

/ Brésil: la canne à sucre récoltée dans des conditions d'esclavage

Chronique

Brésil: la canne à sucre récoltée dans des conditions d'esclavage

500 personnes vivant dans des conditions de travail analogue à de l'esclavage ont été libérées depuis le début de l'année dans le pays. Ce record s'explique notamment par la crise économique, le chômage et la faim qui touchent le pays. De notre correspondant Jean-Claude Gerez.

auto_stories

3 min

Chaque jour depuis le début du mois de janvier, quatre personnes en moyenne ont été libérées d'une situation de travail analogue à de l'esclavage au Brésil, soit plus de 500 au total. Ces chiffres, publiés en fin de semaine dernière par le Ministère du travail, constituent un record par rapport aux 314 personnes sauvées de ce fléau en 2021. Une indication de plus que les mentalités et les pratiques n'évoluent guère dans le dernier pays à avoir aboli l'esclavage, en 1888.

Selon le Code pénal brésilien, le travail analogue à de l'esclavage, est considéré comme un crime. Il inclut le travail forcé, des journées à même de causer des dommages physiques, des conditions dégradantes ou une restriction de déplacement en raison de dettes contractées avec l'employeur. Une définition qui résume la situation des personnes libérées au Brésil depuis le début de l'année, dans le cadre d'une soixantaine d'opérations menées conjointement par le Ministère du Travail et la Police Fédérale à travers le pays.

L'activité sucrière recense le plus de travailleurs esclaves

La plus importante d'entre elles s'est déroulée en janvier dans l'État du Minas Gerais, au sud-est du Brésil. Elle a permis de libérer 273 personnes travaillant dans une plantation de canne à sucre. La plupart des victimes n'étaient pas déclarées, accumulaient des journées de plus de 12 heures dans des conditions de chaleur accablantes et étaient logées dans des cabanes de fortune, sans toilettes ni lieux de repas.

L'activité sucrière est celle qui recense le plus de travailleurs esclaves. Mais elle n'est pas la seule. Les abattoirs de viande bovine, la production de café, le charbon végétal, notamment dans la région amazonienne, et l'extraction de feuilles d'eucalyptus pour la production d'huile, sont aussi des secteurs où l'on retrouve la plupart des victimes libérées depuis le début de l'année. En milieu urbain aussi, le travail esclave fait des ravages. Notamment dans la construction civile et parmi les employées domestiques, à l'image de cette femme de 86 ans libérée début mai à Rio de Janeiro, après avoir travaillé 72 ans sans jamais recevoir de salaire.

La sitzuation devrait empirer

Le profil des victimes reste cependant majoritairement des hommes. 95 pourcent des travailleurs esclaves sont en effet des hommes âgés de 30 à 39 ans, souvent analphabètes ou présentant un niveau scolaire limité. La plupart d'entre eux sont originaires du nord-est du Brésil, la région la plus pauvre du pays. Logique, puisque la crise économique qui frappe de plein fouet le Brésil a vu exploser la pauvreté et la réapparition de la faim. De quoi rendre encore plus vulnérables ces travailleurs attirés par des promesses de travail bien rémunéré, mais qui se retrouvent coincés par des employeurs sans scrupules.

Et, selon les observateurs, la situation devrait encore empirer, en l'absence de politiques publiques de protection efficaces et de manque de moyens humains pour contrôler les abus dans un Brésil où 58000 personnes ont été sauvées de l'esclavage contemporain entre 1995 et 2022.