Radioen

On air

Den Nomëtteg  |  Elora - Embers

play_arrow Live
arrow_back_ios

100komma7.lu

100komma7.lu

/ Des Iraniennes qu'il ne faut pas oublier

Droit des femmes

Des Iraniennes qu'il ne faut pas oublier

Ce soir, les Iraniennes pourront-elles de nouveau aller soutenir leur équipe nationale au stade Azadi à Téhéran? La question reste toujours en suspens. Pour la première fois depuis 1981, elles ont été autorisées mercredi dernier à entrer dans le stade de football pour aller voir la retransmission sur écran géant du match Iran-Espagne. Jusqu'ici, les autorités considéraient que voir une femme dans une stade heurtait la "morale".

auto_stories

3 min

Pour la première fois depuis 1981, les Iraniennes ont été autorisées à entrer dans un stade de football. Mercredi dernier, plusieurs milliers de femmes ont assisté à la retransmission sur écran géant du match Iran-Espagne pour la Coupe du Monde. Ce vendredi, 18 personnalités iraniennes ont appelé la FIFA à s'opposer à l'interdiction faite aux femmes d'entrer dans les stades. Car personne ne sait encore si elles pourront assister à la retransmission du match de l'équipe nationale ce soir.

Ce sera peut être le dernier match des Iraniens ce soir. A part surprise, l'équipe nationale iranienne, la "Melli" ne devrait pas se qualifier pour les huitièmes de finale face au Portugal. Et pourtant, ce serait un sacré pied-de-nez à tous les pronostics et surtout un vrai coup de pouce pour les droits des femmes en Iran. Car les matchs de cette équipe ont pris une dimension sociale et politique, surtout depuis que les femmes iraniennes sont arrivées dans les tribunes à Moscou, puis à Téhéran au stade Azadi.
Il aura fallu un mouvement de protestation dans les réseaux sociaux, un hashtag " #NoBan4Women " ("Pas d'interdiction pour les femmes") et le courage de plusieurs supportrices iraniennes pour que les autorités de la République islamique d'Iran acceptent de faire entrer mercredi dernier les femmes et les enfants à la retransmission du match contre l'Espagne dans le stade de foot Azadi à Téhéran. Ce n'était pas arrivé depuis 37 ans, depuis le match de Derby du 5 octobre 1981. Et cela parce que jusqu'ici le régime iranien considérait que cela n'était pas moral pour une femme d'être dans un stade.

La FIFA doit sortir de sa réserve

Le pire, c'est qu'il le considère toujours. Et que les 2.000 femmes qui sont venus voir le dernier match ne sont toujours pas certaine de pouvoir de nouveau soutenir leur équipe ce soir. Cette décision pourrait donc être exceptionnelle. Et rappelons le - on ne peut parler ici que de retransmettre un match de football dans un stade. Et non pas de voir un match en temps réel.

Résultat, les Iraniennes se mobilisent et se tournent vers la communauté internationale pour que cette interdiction soit définitivement levée. Sur internet, une pétition circule et a déjà rassemblé plus de 100.000 signatures. Ce vendredi, 18 personnalités iraniennes ont écrit une lettre ouverte à la Fédération internationale de football, la FIFA. Elles appellent l'organisation "à défendre ses principes et à tenir l'Iran pour responsable de la violation d'un de ses statuts fondamentaux ". Ce qui n'a pas été le cas jusqu'ici. Pour ces femmes, en fermant les yeux sur cette discrimination, la FIFA a renié ses propres règles. Dans les statuts de l'organisation internationale, il est en effet écrit noir sur blanc que toute forme de discrimination est strictement interdite et punissable de suspension ou d'expulsion. Elles sont soutenus par l'organisation "Openstadiums"

Une avocate des droits de l'Homme arrêtée

Parmi ces 18 personnalités, il y a Shirin Ebadi, la lauréate du Prix Nobel de la paix en 2003, la chanteuse iranienne Googousch mais aussi des avocates et des actrices. Toutes sont des militantes des droits de l'Homme, des femmes qui ont fuit l'Iran pour se réfugier en occident. Dans ces noms pourtant, il y en a un qui manque. Celle de Nasrin Sotoudeh, la gagnante du prix Sakharov arrêtée par la police iranienne pour "complot et propagande contre le système".

A 55 ans, Nasrin Sotoudeh a passé sa vie à défendre les femmes qui enlèvent leur voile en public depuis la révolution islamique. Elle a défendu aussi des opposants arrêtés lors des manifestations de 2009 contre la réélection à la présidence de l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad. Aujourd'hui, c'est sa deuxième incarcération. Le jour de son arrestation, c'est le 14 juin, le jour même du coup d'envoi de la Coupe du Monde. Une coupe du monde qu'elle suit depuis les geôles de sa prison.