Des manifestations massives dans toute l'Espagne pour protester contre la guerre. Les images nous font faire un bond en arrière en 2003. Les Espagnols s'étaient alors massivement mobilisés contre l'envoi de troupes espagnoles en Irak.
Aujourd'hui encore, 52 pour cent d'entre eux sont opposés à la participation de l'Espagne dans un conflit en cas d'intervention de l'Otan. Du fait de son histoire récente, le pays est majoritairement pacifiste. Un manifestant explique:
"Nous sommes une société pacifique, tolérante, démocratique. Et donc nous ne comprenons ni l'invasion de la part de la Russie mais nous ne comprenons pas non plus que les gouvernements européens envoient de l'armement ou un soutien militaire. Ce n'est pas la solution. La solution doit être diplomatique, et politique. Avec des mesures économiques si nécessaire - mais jamais militaires."
Une décision qui divise le gouvernement
Pourtant après avoir d'abord assuré que l'Espagne enverrait des armes uniquement via les mécanismes européens, le chef du gouvernement Pedro Sánchez a finalement annoncé au parlement que le pays fournirait directement du matériel à l'Ukraine. C'est donc pour l'Espagne une nouvelle étape dans le conflit :
"L'Espagne a toujours vu cette attaque comme une attaque à l'Europe. Et c'est pour cela que nous avons toujours défendu des actions coordonnées au niveau européen. Et pour le gouvernement espagnol, l'unité de tous est tellement importante, tellement fondamentale. Je souhaite aussi annoncer que l'Espagne fournira du matériel militaire offensif à la résistance ukrainienne."
Mais la décision est loin de faire l'unanimité au sein du gouvernement. La gauche radicale de Podemos défend une position strictement pacifique. Pablo Echenique est le porte-parole de Podemos au parlement espagnol:
"Notre position, que le peuple a exprimé avant nous, tient en quatre mots simples : non à la guerre."
Les premières livraisons déjà envoyées
Le gouvernement espagnol n'a toutefois pas tardé à tenir ses promesses envers l'Ukraine. Vendredi partaient les premières livraisons. Margarita Robles est ministre de la défense :
"Le matériel vient de l'armée de terre. Et une fois de plus nous démontrons que l'Espagne et ses forces armées sont absolument solidaires et engagées pour consolider la paix. Apporter des armes et du matériel offensif pour la légitime défense des citoyens ukrainiens est un engagement fort avec tout ce que réalisent les autres pays de l'Union européenne."
Le torchon brûle entre les deux partenaires du gouvernement. Dimanche une ministre Podemos a taxé le parti socialiste de parti de la guerre.
Toutefois, si la coalition gouvernementale tangue, elle ne devrait pas se fracturer selon tous les observateurs. Notre division serait le meilleur cadeau à faire à Poutine, a d'ailleurs ajouté le chef du gouvernement espagnol.