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Fräie Mikro

"Ni méi zoue Grenzen"

Fir de Coronavirus ofzebremsen hunn eng ganz Partie EU-Memberstaaten hir Grenzen zougemaach. Dat huet en Impakt op vill EU-Bierger, fir déi d'Beweegungsfräiheet bannent Europa scho laang zum Alldag dozou gehéiert, mengt am Fräie Mikro d'Marie Feunteun-Schmidt, Coordinatrice vum interregionalen Observatoire vum Aarbechtsmaart vun der Groussregioun.

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3 min

Le 21 avril 2020, j'écrivais à mon collègue de travail: "on s'occupe de te préparer un Pass pour que tu puisses franchir la frontière jeudi prochain". Et rajoutais: "jamais je ne n'aurais pensé devoir écrire ça un jour". La frontière dont il est question ici est celle qui existe entre le Grand Est et la Sarre. Entre la France et l'Allemagne. Entre deux pays membres fondateurs de l'Union Européenne à l'époque de la déclaration de Schuman il y a 70 ans.

Je suis née un an avant l'Accord de Schengen et fais partie d'une génération Erasmus qui a grandi sans frontières avec les pays alentours. Nous avons appris la langue des pays voisins, nous sommes allés en échange scolaire en Angleterre, en Allemagne, en Espagne. Nous sommes allés étudier à l'étranger et notre arrivée sur le marché du travail s'est faite sur des postes ayant déjà une sensibilité internationale. J'appartiens à une génération qui, de très bonne heure, s'est sentie européenne avant d'être française, allemande ou luxembourgeoise. Très tôt, cette Europe a donné à ma génération un sentiment de liberté.

Ces derniers temps, certains doutes sont apparus, notamment avec la crise des migrants, la montée du populisme, le Brexit. C'est dans cette Europe quelque peu fragilisée que le Corona est arrivé. Alors que l'on aurait pu espérer qu'un tel coup dur nous amène à réagir de façon solidaire, la décision radicale a été prise par certains pays de fermer les frontières et y instaurer des contrôles. Et me voilà, du jour au lendemain, française en Allemagne, restreinte dans cette liberté de pouvoir me rendre quand je le souhaite dans mon pays d'origine. Brusquement, le choix du pays de résidence - quand il est différent du pays de naissance -, choix qui fut pour moi il y a dix ans une décision plutôt anodine, devient lourd de conséquence. Quel drôle de sentiment. Et nous voilà ainsi, habitants de la Grande Région, au cœur de l'Europe, obligé de limiter voire supprimer nos déplacements de part et d'autre de la frontière.

La Grande Région est l'exemple d'un territoire qui vit l'Europe au quotidien. Nous passons la frontière plusieurs fois par jour pour aller au travail, faire les courses, rendre visite à nos proches. Les régions transfrontalières en Europe représentent 1/3 de la population européenne totale. Plus de 150 millions de personnes. Nous avons un poids démographique, politique et économique majeur. Aucun autre territoire au sein de l'Union européenne n'est aussi intégré que le nôtre: en 2019, 250.000 travailleurs ont passé la frontière au moins une fois par semaine pour se rendre sur leur lieu de travail. Et pourtant, les régions frontalières n'ont eu que très peu de poids dans la décision de la fermeture des frontières qui a du jour au lendemain bouleversé considérablement leur quotidien. Depuis le 15 mai, les contrôles aux frontières allemandes ont été assouplis. Ils devraient être supprimés complétement d'ici au 15 juin. Les dernières barrières physiques rouges et blanches entre la Sarre et l'ancienne région Lorraine ont été enlevées le week-end dernier. Il ne reste plus qu'à espérer qu'elles n'y soient plus jamais installées.


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